La parole…Le silence…





 Des temps plus anciens ont inventé la confession, l'examen de conscience ou la direction spirituelle. L'époque moderne a vu naître et fleurir les cabinets de psychothérapie, les lignes d'écoute et les groupes de parole, tous procédés qui visent à réinstaurer des lieux et des temps dans lesquels ce qui est à dire aura une chance d'être reçu. Et par la vertu de l'écoute, à rendre la parole agissante. Parce qu'elle est entendue, l'énonciation peut faire sens, peut faire événement dans la vie de celui qui parle. Je dis et je suis délivrée. Je dis, et quelque chose de neuf peut émerger. Je dis - et surtout je suis écoutée- et je m'extirpe des liens toxiques, des mécanismes pervers, des addictions qui m'aliénaient.

Ces lieux d'énonciation sont pour notre époque une réponse aux clameurs mortifères et aux silences tout aussi assourdissants évoqués plus haut. Parce que trop souvent, par étourderie, égoïsme ou indifférence, on dénie à celui qui souffre jusqu'à la possibilité de dire sa douleur, oui: se taire c'est ménager pour autrui une occasion d'être accueilli.

Être là, simplement. Ne rien imposer. Il ne s'agit pas de tous nous transformer en théra-peutes. Juste parfois de nous tenir disponibles, à l'écoute.


Anne Le Maître

 «  Un si grand désir de silence » 

Editions du Cerf

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